Maquillage

Retours de la fac après mes derniers partiels, je passe devant la célèbre enseigne «Sephora, avancez en beauté» qui clame haut et fort que «La beauté est un langage» et que «Chaque geste cosmétique, parfum, maquillage, soins, est un message émotionnel que l'on envoie aux autres ou à  soi-même.[...]Peut-on vivre sans s'exprimer ?».

Bref ! En passant devant cette enseigne donc, mon cerveau s'est mis en branle et a eu une pensée du genre : "Ma petite, toi qui n'aimes pas ce visage, ses rougeurs, ses yeux trop sombres et trop petits, cette peau abimée. Toi qui as un peu de réserves sur ton compte ce mois ci. Toi qui n'as plus aucune excuse pour ne pas prendre le temps de remonter ton estime de soi ne serait-ce qu'un chouilla... Pourquoi tu ne tenterais pas l'impossible..."

Et Hoooooooooooooooooop ! Virage à  90°.

Me voila transporté presque malgré moi dans un monde lourd de parfums entêtants, écœurants, plein d'étals de maquillages à  n'en plus finir, de pinceaux, vernis et mascaras en tout genre. Le temple de la féminine attitude si j'en crois les filles trop maquillées qui se déplacent avec assurance et testent la multitude de produits disponibles avec tout le sérieux du monde.

Un peu perdue devant tant d'étalage, je tope une vendeuse et lui résume mes problèmes qu'elle s'empresse de résoudre avec ses armes, les uns après les autres, à  forces d'astuces et de produits en tout genre qu'elle barbouille sur ma face en guise de démonstration. Je pose toutes les questions qui me viennent à  l'esprit pour élargir ma culture inexistante dans le domaine et profite de me faire chouchouter par la jeune vendeuse (jolie mais trop maquillée) aux petits soins. J'insiste lourdement sur le fait que je veux quelque chose de vraiment vraiment très discret qui fasse le plus naturel possible. J'avoue ne rien y connaître en maquillage et lui demande timidement si elle peut refaire une dernière fois le point avec moi sur les "indispensables" dont il faut que je me pare pour améliorer ma tête de. Et nous voila parties pour un second tours de la boutique avec un petit panier et son sourire bienveillant, à  comparer les prix...

Elle m'adresse un dernier conseil avec une larmichette à  l'œil. Me demande si ça ira ? Sûr ? Ça y est, il est temps pour moi de faire mes premiers "vrais" pas dans le monde de la cosmétique. Seule. C'est ça être une femme ? Elle me regarde partir émue, je lui ai fait gagner sa journée :)

Je ne vous dirais pas le prix trop élevé de ce caprice qui me semble indécent au regard des petites choses futiles que ça représente. Quoi que peut-être pas si futiles que ça finalement, si ça peut soutenir dans l'ambition de mieux s'aimer, de mieux faire cohabité le corps et l'esprit, pourquoi pas ?

Ellis Lynen, cet article t'es dédicacé ! Après tout c'est avec toi que j'ai repris le goût du barbouillage !