Tête à tête
Après plusieurs jours de route sur la principale voie de la région nous bifurquons enfin sur une petite piste plutôt bien entretenue. Le camping-car et toute sa quincaillerie font un boucan d’enfer sur ce chemin caillouteux. Après quelques centaines de mètres nous franchissons un premier pont de bois lorsque j’entends : « Regardez !! Un Caïman ! »
Effectivement, il est là, juste au bord de l’eau et semble se dorer la pilule au soleil. Le bruit de notre gros Baloo l’importune peut-être, toujours est-il qu’il disparaît rapidement dans les profondeurs du marécage. Nous sommes surexcités, heureux, fous, ravis, trop contents ! Nous ne savons pas encore que ce n’est que la première d’une longue série de rencontres avec ces animaux aux dents pointues.
La jungle et le quotidien
Tant qu’à faire nous allons vider nos toilettes sèches un peu plus loin, il n’y a personne par ici alors profitons en. Benoît sort le seau pendant que je m’occupe du composte. Nous entendons un grognement derrière les fourrées et un gros BOUM, comme un animal qui se laisserait tomber un peu lourdement sur le sol… On s’immobilise, le feuillage bruisse et puis plus rien. Est-ce qu’on a rêvé ? Tu as entendu toi aussi ? Tu crois que c’était quoi ? Un jaguar ? Noooon. Si ? Peut-être ? Wahou ! Nous ne saurons jamais mais je sens encore mon coeur battra la chamade. Plus de doutes, nous sommes bel et bien dans la fameuse jungle du Pantanal au Brésil !
Finalement nous arrivons au bivouac après avoir emprunté une piste sinueuse et arrêtons Baloo à quelques mètres d’un gros caïman qui se prélasse au bord de l’eau. Wahou ! Il est bien plus gros que le premier ! C’est un peu comme si nous étions dans un rêve. De magnifiques oiseaux se posent tout près de nous. De gros capibara nous laissent approcher. Et des moustiques par milliers se partagent notre sang. C’est magique ! Ouille. Vraiment trop chouette. Aie ! Non, franchement, on se passerait bien des moustiques !
La rivière aux caïmans
Nous décidons de nous offrir le luxe d'une petite balade en bateau pour descendre la rivière à la recherche de caïmans. Le soleil tape fort mais il fait bon sous le auvent, une brise rafraîchissante accompagne notre virée marine. Le paysage est sublime, nous sommes seuls au monde (avec nos guides hein, quand même !), les nuages jouent avec leurs reflets dans l'eau, les oiseaux tourbillonnent et les caïmans veillent au grain. La jungle est dense et menaçante, le contraste avec la rivière est magnifique. Nous apprenons un tas de chose sur la vie animale de la région. Pour la première fois de ma vie j'ai l'impression d'être dans un documentaire Arte. C'est très grisant, très amusant, très excitant. Je vois le commentateur sur sa pirogue à la recherche d'un peuple primitif, il décrit la faune, la flore et... Oh ! Juste là, c'est nous !
La baignade sauvage
"Bon, on va s'arrêter là, tout le monde à l'eau ! Je ne vois pas de caïman, pas de jaguar, c'est bon vous pouvez y aller !"
Les deux guides amarrent le bateau et plongent. On les suit avec délice dans cette eau un peu brouillée où l'on ne distingue quasiment rien. Elle est bonne et le bateau fait une base excellente pour les bombes. On se passe les enfants à tour de rôle pour pouvoir sauter et on s'amuse comme des fous !
"Venez voir ! Il y a des empreintes de jaguar !"
Effectivement, elles sont encore fraîches juste là sur la berge. Le guide nous expliquent les traces de luttes imprimées dans le sol boueux, probablement un capibara malheureux qui se sera fait manger. Oups. C'est impressionnant ! Les empreintes de pattes du jaguar sont quand même plutôt pas mal grosse... Alors, quoi. L'eau et les caïmans ou bien la berge et les jaguars ? Les deux mon capitaines, nous sommes bien trop nombreux et bruyants pour les intéresser ! Allez zou, à l'eau ! Nous n'avons pas fini de nous éclabousser !
