Deuxième et dernière soirée au milieu désert. Demain nous reprenons la route ! La lumière est superbe et je prend un plaisir immense à observer les enfants s'amuser dans ce rien infini pendant que Benoît cuisine notre repas du soir dans Baloo. Leurs joues rougies par le soleil et le sel me font fondre. Et puis soudain je réalise. On l'a fait ! On a emmené nos tout petits dans ce lieux mythique à l'autre bout du monde. Je crois qu'on peut être sacrément fières de nous et du chemin parcouru depuis notre départ il y a presque dix mois !
Bon, et donc, voyager avec des enfants en bas age... bonne ou mauvaise idée ?
Gaspard
Gaspard est comme un poisson dans l'eau dans cette vie nomade ! Il est souriant, épanoui, débrouillard, curieux, mignon, gentil, drôle... bref c'est un bébé adorable et heureux. Pendant ce voyage il a eu tout ce dont il avait besoin pour grandir dans la joie et la bonne humeur. Un papa et une maman ultra disponibles (pas tout le temps bien sûr mais tellement plus que dans notre vie "normale"), une grande sœur à observer, imiter, chatouiller, le sein à la demande, les câlins à la demande. Bref. Rien ne lui a manqué. La belle vie. Sur tout ce voyage il n'a eu qu'un ou deux petits épisodes de fièvre, des cabosses et des égratignures sans gravité sur le visage suite à des chutes, une invasion impressionnante de boutons de fièvre dans la jungle, moches, envahissants mais sans conséquences. Par ailleurs il est régulièrement la coqueluche de ces messieurs dames avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds, et il ne manque jamais de saluer sa foule d’admirateurs avec un "holà" ou un "ciao" sonore en fonction de la situation !
Aujourd'hui Gaspard marche autant qu'il est porté. Son endurance m'épate ! Il suit sa sœur dans toutes ses aventures et commence à courir et sauter avec de plus en plus d'assurance. Nous nous servons encore quotidiennement de la langue des signes pour communiquer mais désormais il parle en même temps qu'il signe. La prononciation est encore à affiner mais les mots sont bel et bien compréhensibles et chaque jour apporte son lot de surprises. J'aime tellement cette période d'explosion du langage ! Maman, papa, Charlie, tiens, là, moi, oui, non, crêpes, à table, de l'eau, merci, derien, soif, sein, chaussures, ballon... Il participe volontiers aux tâches de la vie collective et répond avec plaisir aux petites injonctions qu'on lui donne. Notre bébé devient doucement mais sûrement un vrai petit garçon !
Charlie
Charlie est vive, joyeuse, rigolote, futée, curieuse, bienveillante, agile et toujours partante. Elle a tout de suite trouvé ses repères dans ce style de vie pourtant nouveau pour elle. La capucine est son domaine et rassemble ses livres et ses jouets. Contrairement à Gaspard, elle conserve des souvenirs de notre vie d'avant et parle régulièrement de ses copains et de l'école qu'elle a hâte de retrouver. Elle est aussi enthousiaste que nous à l'idée de vivre dans une maison à notre retour en France, elle demande régulièrement des nouvelles de ses jouets et n'oublie pas qu'on lui a promis une balançoire dans le future jardin ! Cela dit elle n'est pas pressée de rentrer et adore vive dans Baloo. Elle dit souvent "J'ai une idée ! On voyage encore un peu et on rentrera en France après !". Elle trouve son plaisir dans la découverte des nombreux parc de jeux que l'on croise en route où elle adore rencontrer d'autres enfants. Elle aime aussi beaucoup manger au restaurant, se baigner et passer du temps à jouer dans le camping-car, à peindre, à cuisiner, à lire des histoire, faire des jeux de société, manipuler les sons, les lettres et les nombres avec papa ou maman.
Ce voyage lui a permis d'apprivoiser ses peurs. Elle est beaucoup moins timide qu'avant et va désormais volontiers vers les autres enfants que nous rencontrons, elle parle beaucoup plus facilement qu'avant aux inconnus et elle n'hésite pas à employer les quelques mots qu'elle connaît dans leur langue. Nous l'avons d'ailleurs surpris plusieurs fois à raconter notre voyage en long en large et en travers à des adultes francophones croisés au hasard d'une sortie. A force de voir des animaux partout dans les rues (chiens, chats, chevaux, vaches, moutons, cochons, poules, chèvres...) elle n'en a plus peur du tout, et on partait vraiment de très loin ! Comme Gaspard elle a eu un ou deux épisodes de fièvre, elle a eu mal à l'oreille une nuit avant que ça ne passe tout seul avec du repos et fait deux ou trois chutes sans gravité, rien de plus.
Charlie rentrera en France vraiment plus riche de tout ce qu'elle aura vécu. Elle a acquis tout ce dont un enfant de son age a besoin pour être épanoui et sa soif d'apprendre, de découvrir et de comprendre le monde qui l'entoure est immense. Je ne m'inquiète pas du tout pour son retour à l'école, je suis certaine qu'elle aura les ressources pour s'adapter à ce nouveau rythme de vie. Ce voyage est une véritable révélation pour elle.
Et nous dans tout ça ?
Benoît et moi sommes vraiment très heureux d'avoir pris cette jolie décision un matin d'automne alors que Gaspard n'était encore qu'un secret au creux de mon ventre. Voyager et prendre le temps de voir grandir nos enfants chaque jour pendant de longs mois est une chance que l'on mesure pleinement ! Nous avons assisté à tous les petits et grands moments qui font de leur enfance un trésor et c'est clairement le plus beau cadeau que nous pouvions nous faire à tous les quatre.
En revanche être parents à temps plein est un exercice très fatigant qui nous demande une énergie folle ! Les nuits sans réveils nocturnes se comptent sur les doigts de nos mains depuis que nous sommes parents et la fatigue accumulée depuis leur naissance, pendant la préparation du voyage et pendant le voyage lui même nous a un peu plombée les ailes. Voyager n'est pas de tout repos. Voyager avec des enfants en bas age encore moins ! Aucun relais pour nous soutenir dans nos moments de faiblesse hormis l'autre. Dur, dur.
Nous avons bien essayé de poser des moments de congé parentaux entre nous mais c'est loin d'être suffisant et notre cercle familial aussi sympa soit il est parfois un peu étouffant. D'ailleurs les moments où nos familles et amis nous ont rejoint en route ont été de vraies bouffées d'oxygène ! Les enfants les ont pris d’assaut et nous avons pu vaquer à nos tâches quotidiennes l'esprit libéré, un vrai beau cadeau ! C'est une des nombreuses raisons qui accumulées les unes aux autres, font que l'on décide d'écourter ce grand voyage. Nous avons besoin de pouvoir souffler de temps en temps pour entretenir notre enthousiasme, notre bienveillance, notre envie de faire toujours mieux. Avec des enfants si petit il n'est jamais possible de lâcher du leste en leur proposant par exemple de jouer dehors une heure pendant que nous sirotons notre caféthé à l'ombre d'un arbre, hors de vue et d'oreilles. Les bivouacs sécurisés et adaptés à nos deux jeunes enfants ne sont pas si évidents à trouver et lorsqu'ils le sont nous devons toujours rester vigilent en ce qui concerne Gaspard (la rivière, la route, les jeux ultra rouillés, les chiens errants qu'il veut caresser...). Il n'est pas envisageable de les laisser évoluer librement hors de notre vue et même lorsque nous les laissons jouer dans un grand périmètre seuls ou avec d'autres enfants nous veillons sans cesse sur eux d'une manière ou d'une autre.
Et donc on y va ou on y va pas ?
En ce qui nous concerne la réponse est évidemment un grand OUI ! Sans aucune hésitation ! Les enfants, même tout petits, n'ont pas à être une excuse pour ne pas voyager si vous en avez envie. Vous ferez en sorte d'adapter votre voyage à leur besoin et tout se passera bien. Finalement c'est de la présence attentive et bienveillante de leurs parents que les enfants ont besoin lorsqu'ils sont tout petits, pas d'une tétine, d'un doudou, d'un transat, d'un trotteur, d'une nounou... Attention je ne jette pas la pierre, nous faisons tous du mieux qu'on peut avec nos envies et les moyens dont on dispose. Je veux juste dire par là que le voyage n'enlève rien à un enfant si petit et qu'il ne faut pas hésiter à se lancer si c'est ce dont on a envie pour notre famille. A condition de faire preuve de bon sens le monde est bien plus joli et bien moins dangereux qu'on ne le croit !
En revanche prenez en compte le capital fatigue qui peut à la longue être un peu usant. La solution est peut-être de partir un peu moins longtemps ? En ce qui nous concerne huit mois c'était vraiment parfait ! Après on a doucement mais sûrement commencé à flancher et l'envie de rentrer a pris le pas sur l'envie de voyager. Les ressources de chacun étant différentes j'imagine que vos limites ne sont pas les mêmes que les nôtres ! En tout cas quoi qu'il en soit l'aventure vaut le coup d'être vécue :D
